*Dellys*
|
Dellys est une commune algérienne située dans la wilaya de Boumerdès en Grande Kabylie, dans la daïra de Dellys. Elle se trouve à 50 km de Boumerdes, chef-lieu de la wilaya, à 45 km de Tizi Ouzou et à 100 km environ de la capitale Alger. Elle est le chef-lieu de la daïra homonyme. Cité phénicienne, puis romaine, puis arabo-islamique, la ville dispose d'une petite médina classée, qui a bénéficié d'un plan de restauration et de réhabilitation après le séisme de 2003. Le nom Dellys est une simplification récente du nom berbère Tedellis ou Tadellest, probablement par élision du préfixe berbère ta. Ce nom peut être rapproché de Adellas, sorte de plante vivante près des cours d'eau, appelée le dis en français, lui-même déduit de l'appellation romaine Adyma. Son nom antique punique est Rusuccuru qui signifierait le « cap de la perdrix ». Dellys est une ville côtière sur le littoral algérien, elle est un chef-lieu de commune situé à 51 km de la ville de Boumerdès, chef-lieu de wilaya, à 105 km à l'est d'Alger et à 40 km au nord de Tizi-Ouzou. La commune est traversée par l'oued tizza. Dellys est située à quelques kilomètres de l'embouchure de l'oued Sebaou, à l'abri du Cap Bengut.
|
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Histoire Le site a été occupé dés la préhistoire, il existe des vestiges qui le montrent, dont une hache polie, la plus grande trouvée au Maghreb, et plusieurs petits dolmens et allées couvertes à Takdempt. La ville a tiré son importance du site portuaire qu'elle domine, Dellys était un port convenable pour les navigateurs antiques, c'était le seul mouillage relativement abrité entre Alger et Béjaïa. Cette escale dut être fréquentée très tôt par les navigateurs puniques qui l'ont nommé Rusuccuru. La ville romaine de Resecurus est fondée vers l'an 42. Après le découpage administratif du royaume de la Maurétanie suite à la mort du roi mauritanien Ptolémé, elle était annexée aux provinces romaines. L'empereur romain Claude lui accorde le droit de cité en l'élevant au rang de municipe de droit romain. L'oligarchie locale, sans doute déjà romanisée en partie à titre individuel, acquit en bloc la citoyenneté. A la fin du second siècle, deux petites villes jumelles, Iomnium et Rusippisir (Tigzirt et Taksebt), situées à 25 km à l'est, étaient aux mains de notables de Resecurus. Plus tard, la cité fut peut-être promue au rang de colonie et le christianisme s'implémente à Rusuccuru. Marcienne de Césarée, martyrisée en 299, en était originaire. La région fut dévastée en 373-375 par la révolte de Firmus. En 411, deux évêques s'affrontaient, un catholique et un donastique. En 419, un évêque catholique est désigné comme l'un des trois légats de la province ecclésiastique de Maurétanie Césarienne au concile de Carthage. Rusuccuru était sans doute réoccupée par les Byzantins dans la première moitié du vie siècle, comme une simple escale sur la route maritime vers Caesarea (Cherchell). La ville antique est détruite par un tremblement de terre ou par les invasions, son site réapparaît ensuite au xiie siècle sous le nom berbère de Tedellis ou Tadellest. Un roitelet d'Almeria, chassé de son royaume par les Almoravides, vient chercher asile et protection à Béjaia auprès d'Al-Mansur. Le monarque hammadide lui désigne comme gouverneur de la ville. Tedles reçoit à cette époque la première vague d'Andalous et commence à subir leurs influences dans divers domaines, notamment culturel. Al Idrissi le décrit au xiie siècle : « Tedlès, située sur une hauteur, est entourée dune muraille. Le pays environnant présente un aspect riant ; tous les objets de consommation y sont à bas prix ». Durant l'époque almohade, Tedles connut une occupation temporaire des Banu Ghaniya, qui se présentaient avec leur flotte en 1185 devant Bougie, dont ils s'emparaient sans résistance. Puis, la situation politique maghrébine devient instable. Un gouverneur zianide est installé dans la ville, dés le règne de Yaghmoracen Ibn Ziane12. Mais la cité change de mains, alternativement entre hafsides et zianides au gré des circonstances. Elle commence à subir les razzias chrétiennes qui dévastent la côte tous les étés. Tedellis, perchée sur son promontoire, était protégée par la forte muraille antique. Au début du XVIe siècle, le gouverneur de Dellys dépendait du souverain de Béjaia et devient tributaire de l'Espagne, après la prise de Béjaia en 1509. Il préféra ensuite se soumettre aux Turcs d'Alger. Dès lors, la ville suivit étroitement le sort d'Alger. La ville connaît durant cette période une deuxième vague d'immigration andalouse. Cette nouvelle vague d'immigrés se composait de gens simples contrairement à la première vague, qui se composait d'élites et de savants. Elle était intense, et plusieurs familles s'établissaient à Dellys, surtout après la décision des Espagnols d'expulser tous les musulmans d'Espagne. Ceci entraîne la consolidation d'une population d'origine espagnole qui apportait ses traditions, sa culture, l'urbanisme, l'architecture, le savoir-faire artisanal et gastronomique. La population de la ville va doubler, les plus grandes familles étant d'origine espagnole. La cité bénéficie d'une certaine prospérité, bien décrite par Léon l'Africain : «Tedelles est une ville antique, bâtie par les Africains [...] Ses habitants sont pour la plupart teinturiers parce que la ville possède plusieurs sources et ruisseaux. Ces gens sont aimables et mènent joyeuse vie. Presque tous savent très bien jouer du luth et de la harpe. Ils ont beaucoup de terrains de culture fertiles en blé. Chacun d'eux s'habille convenablement, comme le font les citoyens d'Alger. Tous ont coutume de pêcher au filet et ils prennent beaucoup de poisson.». La ville de Dellys, comme les villes d'Alger, Blida, Koléa et Cherchell, étaient rattachée à Dar Es-Soltane. L'urbanisme se manifeste par la construction de la haute Casbah (citadelle), les habitations contenaient souvent un puits ainsi que des égouts d'évacuation d'eaux usées. Dellys se situe parmi les petites villes littorales de l'Algérie précoloniale à l'instar de Ténès et de Cherchell. Après la conquête française, une première soumission de Dellys a eu lieu en 1837, mais la ville dut être conquise en 1844 par les troupes du général Bugeaud. Le premier centre de population européenne est installé en 1845. Elle devient l'entrepôt de la Kabylie occidentale, mais le développement ultérieure de Tizi Ouzou, mieux situé, au centre de la Grande kabylie, lui fait progressivement ombrage. Le déclassement de la voie ferrée Boghni - Draa Ben Khedda - Dellys en 1936 finit de lui enlever tout rayonnement vers l'intérieur du pays. La population indigène resta à la Casbah tandis que les Européens s'installent dans la ville nouvelle. Progressivement, la Casbah se décline et les activités commerciales se déplacent vers la ville coloniale réduisant la Casbah se transforme en un quartier principalement résidentiel, avec quelques équipements religieux. A la fin de la guerre de libération nationale, qui fut très brutale, culminant avec les actions de l'O.A.S, on assista au départ massif des français, abandonnant ainsi des quartiers entiers. Avec l'exode rural après l'indépendance, la ville connaît un étalement important. Dellys a été secouée par le séisme du 21 mai 2003, puis a connu des inondations en 2007. Des travaux de restauration et de réhabilitation de la vieille ville, ont été entamés en 2007 dans le cadre d'un plan permanent de préservation et restauration. |
![]() |
![]() |
Index / Kabylie / Jugurtha / Kahina / Islam / Tizi Ouzou / Bejaia / Jijel / JSK